Seul les aveugles ont la chance de ne pas se soucier du physique. Même s'ils glissent leurs doigts contre votre épiderme, il n'en est pas moins qu'ils ne peuvent rien voir de vos défauts. De votre oeil trop gros, de votre nez qui vous désavantage, de vos lèvres trop pâles ou mutilées par une dentition nerveuse et malsaine. Il ne voit pas vos dents jaunâtres ou brisées. Encore moins les marques sur votre corps. Vos cicatrices, vos tatouages ratés, vos vergetures. Charles à l'idiotie de penser qu'il n'y a que les hommes et les femmes laids qui vont vers les aveugles. Ou même vers une personne plus laide qu'eux. Ils n'auront pas à être juger par un défaut physique alors qu'ils ont, entre les deux tempes, un caractère magnifique, emprisonné par le mal paraitre. Il a aussi l'audace de juger tout ceux qui lui font face. Car, même si on tente de le nier, le physique est la première chose que l'on remarque. À quoi bon s'attarder sur une personne laide et de n'en tirer qu'une maigre amitié. Une amitié secrète car sa présence auprès du monde vous fait honte. C'est en quelque sorte de l'hypocrisie, n'est-ce pas. La beauté est dans l'oeil de celui qui la regarde, ça va de soi. Soyez heureux que dans son oeil drogué, vous serez toujours beau. Dans le second, vous serez toujours d'une laideur exécrable. À quelques exceptions près.

Tout ça pour quoi, finalement. Pour en venir au physique de la vieille jeunesse de ce vampire accablant. Il est dans la nature humaine et sur les bêtises véhiculés depuis la nuit des temps urbains, de juger les blonds pour leur manque général de connaissance et leur idiotie poussé. De juger les roux sur un manque d'âme flagrant et détenant un liens inévitable avec le Diable. De dire que les brunes sont la normalités, alors qu'elle peuvent être de vraies bêtes. Qu'est-ce qu'il en est du violet ? Les critères sont difficile d'accès. Que peut-on en dire ? Un jeune rebelle tentera t-il de prendre une couleur si...féminine ? Sas oublier le dégradé doux vers un rose électrisant. Lorsqu'on vous décrit une telle teinte de chevelure...Vous ne penserez jamais à un grand homme tout en muscle à la voix grave et aux bras protecteurs. Quelle surprise, il n'en est rien de notre Charles. Même que sa chevelure lui tombe jusqu'aux fesses. Laquelle il tient généralement lisse sauf par moment d'égarement où il se décide d'en faire une gigantesque tresse. Tout en élégance. On pourrait pratiquement le prendre pour une demoiselle, si on oubliait le restant de son physique.

Oui, car malgré une silhouette fine, il n’a rien de bien féminin, à proprement parlé. Ses épaules sont plus larges que la normale, cachées sous une épaisseur de vêtements légers qui empêche autrui de voir les traits de son corps. Impossible de voir s’il est bien musclé, même s’il lui arrive de porter des chemises blanches aux premiers boutons allèchement détachés. Par contre, si on ne peut voir des pectoraux sculptés par le meilleur artiste sur terre, on aperçoit une peau plus pâle que nature. À croire que ce vampire n’a rien de bien naturel et que tout lui sort d’un dessin pour enfant. Enfant qui ne trouvait plus son crayon beige pour colorer l’épiderme. Elle est pourtant, par chance, sans défaut. Hormis des coupures quelconques et diverses aux poignets ainsi que quelques points au creux des avants bras, il n’a rien de blessé.

Son regard n’en montre rien. Iris de même couleur que sa chevelure, en partie. De base rose, il n’en est rien effrayant, ça va de soi. C’est pourtant lorsque ses sens sont le plus actifs, et donc le plus dangereux, que ses iris sont de cette couleur. Car, par la fatigue et un surplus de drogue – pris peu importe par quel moyen - , cette partie circulaire de son corps se ternis vers une couleur beaucoup plus violette, se rapprochant de celle de son capillaire. Son regard n’est pas meurtri, mais perçant comme une bête sauvage face à une proie délicieuse. À l’aguet. Abordant un esprit vif et fort. Disons qu’il l’est. Une fois sur deux.

Charles. Pierce. Eastwood. Rien qui propose un penchant quelconque vers la méchanceté ou la tolérance. Un prénom banal, composé, qui ne veut tout bonnement rien dire. Car notre très vieux vampire, n’est rien du tout. Il n’a pas un caractère bâti et forgé, peu changeant et qu’il gardera à tout jamais. Loin de là. Il est même peu contrôlable et agis à 90% en coup de tête. S’il désire être méchant envers une personne X, sans qu’elle ne l’ait mérité, il le sera. À quoi bon se retenir et emmagasiner remord et regret. Vous vous direz que c’est en agissant ainsi, qu’il en aura. Eh bien, ce n’est pas ainsi que le monstre résonne. Monstre, car il semble en être un. Sa tête, contrôlé par la fumée suspecte le rend impitoyable et son corps en est atteint. Si cœur il a. Car il n’en a jamais fait mention, et personne ne s’est dit « Oh, quel bon cœur il a, ce jeune homme ». Peu de personnes ont le temps de penser avec lui, surtout. Hormis à « Quel débile ». Dans tous les sens, c’est prouvé. Questionnement sur des choses simples et logiques, agissement tel un drogué. Car c’est ce qu’il est. On se demande même, de quelle manière il se procure tout ça. Vu sa pauvreté actuelle. Il sait faire résonner les gens à qui il veut extirper quelque chose. Que ce soit par la menace ou le charme. Car l’être humain n’est là que pour se faire manipuler tel un pantin. C’est ce qu’il croit. Tant, qu’il n’a pour personne une once de respect. Du moins, il ne se soucie guère des sentiments, de ce que vous pouvez vivre ou détester. S’il fait quelque chose qu’il vous contrarie, il n’en tient pas compte et la situation peut se reproduire. Car, il s’en fou. Il se fou de sa pauvreté, de son mal, de votre histoire, de ce qu’il mangera demain. Il ne se fou uniquement pas de la manière que vous agissez avec lui. Tout l’irrite, le rend de mauvais poils. Il faut seulement bien s’y prendre avec lui. Tâche complexe. Car qui est-il ? Tout et rien.

Que dire. Qu’expliquer. La vie est compliquée, surtout dans ce monde ci. Entre les diverses races, les brèches, l’amour, la peine, le sexe. Sans s’égarer dans la naissance, l’adolescence, la mort. Comment se passe la naissance d’un vampire ? Aussi vieux soit-il. Je dirais comme tout le monde, ou comme personne. Beaucoup trop mystérieux pour une âme qui n’en a elle-même, aucune idée. Il ne sait, s’il a grandit ainsi. Ou s’il est devenu, ainsi. Quoi qu’il en soit, il sait très bien qu’il avait une famille, que son nom lui vient de là, ainsi que ses deux prénoms. Qu’il était riche, qu’il vivait le malheur de tout désirer et n’avoir rien d’autre à faire que le demander et l’avoir. Aucun effort, aucun pleure. Seulement un « je veux » ou plus radicalement « donne-moi ». On l’aurait comparé à un roi, et nous n’y aurons trouvé aucune différence. Personne ne peut approuver, car personne ne les approchait. Leur manoir était caché. On le pensait hanter, tant il était en pièce. Leur argent résidait uniquement à le meubler de richesses diverses, non pas à le rebâtir. La demeure eut tôt fait, au fil des années, de s’écrouler.

Trois morts, un survivant. Perdu en forêt. La mère, le père et le chien. Disparus. À savoir que le jeune homme qui était sortit pour une des rares fois, ne retrouva jamais sa maison. Il avait l’habitude de la voir entre les branches et ainsi, trouver son chemin. Cette fois-ci et à tout jamais, il ne la reverra plus. Tous les membres de la famille Eastwood évitaient de partir à la recherche du gamin, lorsqu’il le su enfuit. Il ne voulait pas de ce gamin chez eux. On le déclara comme orphelin, puis de pauvre. À sa bouche se portait à tous les soirs des animaux nombreux. Personne ne compris la provenance de tous ces corps morts animaliers, jonchant le sol dès l’aube. On mit cette faute sur un virus quelconque. N’ont-ils pas vu les trous présents dans leur fourrure, ces idiots? Un seul, s’en soucia vraiment. Un certain thanatologue. Il avait perdu son chien, dans cette tuerie. Il n’en trouva jamais le coupable, mais s’effraya d’un tel comportement venant d’un humain. Malgré qu’il connaissait très bien, les êtres vampiriques.

Niveau nourriture, il survit bien. Très bien. Comme il ne se nourrissait que de sang facile d'accès ainsi que de viandes saignantes. Un peu de déplumage et il pouvait se mettre quelque chose non-cuit sous la dent. Je ne dis pas qu'il n'eut pas été malade. Non, son système - aussi particulier soit-il - vécu certaines misères qui le rendait malade des mois durant. Rien ne pouvait satisfaire son mal, comme il n'avait accès ni à un médecin, ni à la médicamentation nécessaire. Il s’en extirpait, avec peine et misère pour reprendre son train train quotidien. Il apprit très mal de ses erreurs, surtout lorsqu’il commença à s’intéresser au sang chaud humain. Gout particulier, comme les bêtes. Tout dépend de ses parents, de sa manière de vivre et de manger. S’il est nerveux ou détendu. Aujourd’hui, il choisit –en partie- le sang qu’il veut boire. Tout dépend de la fiche du défunt. Lorsque je parle des erreurs, c’est le don qu’il a acquis au fil du temps. Comprendre pensés et émotions provenant de la personne mordue. Lorsqu’il avait le malheur d’en mordre trois en une semaine, c’était l’enfer. Maux de crânes terribles. La seule chose qui le calmait, c’était la mort.