Les journées se succédaient et les recherches de Gräyvzel s'avéraient toujours aussi infructueuses. Parfois, il surprenait des conversations susceptibles de lui permettre d'avancer dans ses recherches, mais en vain. Et le petit démon désespérait et s'en voulait: fallait-il qu'il attache de l'importance à ce qu'il entendait dire? Des noms, des descriptions qui pouvaient s'apparenter à son frère. Démon rebelle, démon esclave, démon banni... Des mots qu'il surprenait parfois et ranimait la flamme d'espérance dans son petit cœur meurtri. Gräyvzel avait décidé de retourner sur les terres interdites. Peut-être y trouverait-il son frère et puis, peut-être aussi y reverrait-il le dragon qu'il avait rencontré là-bas auparavant.

Il passa par les bois calmes où les seuls bruits environnant étaient celui des brindilles qui craquaient sous ses pas, le vent qui soufflait entre les feuillages, les oiseaux et les insectes allaient de concert... Cela le changea un peu de la ville et de sa vie pressante. Ici, il pouvait prendre son temps. Profiter un peu du calme. Il décida de s'arrêter, il sorti une petite couverture carrée de son sac, la déplia et la posa sur le sol avant de s'asseoir dessus et d'y poser son sac à dos d'où il sorti une bouteille d'eau encore fraîche. Le petit démon l'ouvrit et la porta à sa bouche, le liquide passa comme une source de bienfaisance. Tandis qu'il dégustait tout en fermant les yeux. Il se sentait en sécurité ici. Evidemment, il était loin de se douter qu'il se trouvait à proximité d'un repaire de rebelles.

L'enfant passa du revers de la main sur ses lèvres humides, puis referma la bouteille d'eau qu'il rangea dans son sac. Il s'allongea sur la couverture épaisse et confortable, les mains derrières la tête lui servants d'amortisseur. Il fixa le ciel dissimulé par les grands arbres, mais dont les rayons de soleil transperçaient les feuillages. Le jeune démon plissa les paupières. Oui, il était bien là. Il en oublia tout ses soucis: son pari avec les copains, les devoirs qu'il n'avait pas encore fait, les attentes de son père quant à sa future succession et puis aussi son frère banni qu'il s'évertuait à retrouver.

Dans ce cadre apaisant, Gräyvzel finit par s'assoupir. Il était recroquevillé sur le côté, les mains jointes sous la joue, la bouche légèrement entrouverte d'où s'échappait son souffle chaud et régulier. Il ne rêva pas. Son sommeil était paisible. Cela faisait longtemps qu'il n'avait dormi aussi bien. Le soir, chez lui dans sa grande chambre et son grand lit douillet, il peinait à trouver le sommeil. Ses nuits étaient la plupart du temps agitées et bercées de cauchemars dont il ne gardait la plupart du temps qu'un vague souvenir. Gräyvzel dormait donc peu. Mais personne ne s'en souciait. Et dans sa grande chambre isolée, personne ne venait le réconforter. Autrefois, quand il faisait des cauchemars, il rejoignait son frère et allait se glisser dans son lit. Ce dernier lui racontait des histoires drôles ou lui parlait de choses et d'autres pour lui faire oublier son cauchemar et ainsi, Gräyvzel pouvait se rendormir le cœur léger. Mais à présent son frère n'était plus là et il était au centre de ses mauvais rêves.

Gräyvzel se réveilla en sursaut en entendant un craquement de brindilles. Il se redressa à demi et regarda autour de lui en tendant l'oreille. Il se frotta les yeux encore un peu fatigué en se maudissant de s'être endormi. Il pensait se reposer un peu et au lieu de ça, il s'était carrément endormi en plein milieu des bois! Depuis combien de temps d'ailleurs? Peu importe. Au moins, il faisait toujours jour. Il aperçut un petit écureuil farfouiller dans une poche de son sac.

- Hè! S'exclama-t-il en chassant le petit animal d'un mouvement de la main. C'est pas pour toi, va-t-en!
L'animal saisit, ne se fit pas prier et détala à une vitesse impressionnante.

- Non mais! Ajouta le petit démon en fixant l'animal qui finit par sortir de son champ de vision.

A nouveau, un bruit de craquement se fit entendre. Le jeune démon se saisit de son sac qu'il posa sur une épaule:

- Qui va là?! Dit-il sur un ton qu'il s'efforçait de rendre le plus assuré possible et en affichant un air déterminé.